La dimension proprement industrielle des rives de Fos/étang de Berre apparaît au début du XIXe siècle, dans le sillage de la croissance économique qui caractérise alors l’ensemble du littoral provençal. En quelques décennies, la chimie de la soude et la métallurgie des non-ferreux s’installent et marquent durablement le territoire. Le territoire de Fos/étang-de-Berre est celui de l’industrie lourde.
La dimension proprement industrielle des rives de Fos/étang de Berre apparaît au début du XIXe siècle, dans le sillage de la croissance économique qui caractérise alors l’ensemble du littoral provençal. En quelques décennies, la chimie de la soude et la métallurgie des non-ferreux s’installent et marquent durablement le territoire. Le territoire de Fos/étang-de-Berre est celui de l’industrie lourde.
Tout commence avec l’industrie chimique et l’industrialisation du procédé Leblanc pour la production de soude. Pénalisés par la raréfaction des importations de soude d’origine végétale indispensables à la fabrication du savon de Marseille – pénurie liée à la guerre franco-espagnole de 1808, puis à la politique économique protectionniste et industrialiste suivie par Napoléon 1er et les régimes suivants –, plusieurs entrepreneurs se lancent dans l’industrialisation du procédé Leblanc, un procédé connu depuis 1791 et peu utilisé jusque-là compte tenu du bas prix de la soude d’origine végétale. Plus d’une vingtaine de soudières sont construites entre 1809 et 1811. La région marseillaise est alors leader mondial dans la production de soude Leblanc. En 1819, 16 établissements continuent à produire de la soude. Cela représente un effectif de près de 600 ouvriers et une production de 16 700 tonnes de soude pour une valeur d’environ 5 millions de francs. En 1844, 20 soudières sont en activité le long du littoral avec un effectif ouvrier d’environ 1 430 personnes tandis que la valeur de la production atteint 14 millions de francs. Dans cet ensemble, le poids des soudières de Fos/étang-de-Berre ne cesse de progresser : 3 sociétés en 1819 (Fos, Istres et Vitrolles) ; 5 en 1844 – pour 7 usines –, avec les nouveaux sites de Berre, Martigues et Lavéra/Le Ponteau. Ces usines représentent alors 39 % de la valeur de la production de soude du littoral provençal et 41 % des effectifs ouvriers, loin devant Septèmes et les usines des calanques marseillaises. Au milieu du XIXe siècle, les usines de Fos/étang de Berre sont le principal foyer de production de soude du littoral provençal et du Midi méditerranéen.
La métallurgie des non-ferreux – cuivre et plomb – est la seconde activité industrielle à s’implanter durablement dans ce territoire. L’essor des usines de cuivre est lié à la cherté grandissante du soufre brut sicilien, matière première employée dans le procédé Leblanc pour la production de l’acide sulfurique. Pour échapper à cette hausse, les industriels de la soude adoptent le système du grillage des pyrites de cuivre. L’innovation est introduite en Provence par l’entreprise Boyer, Guez & Cie, une soudière fondée en 1842 dans le chenal de Caronte reliant l’étang de Berre à la Méditerranée. En 1845, la société industrialise le grillage des pyrites cuivreuses importées d’Algérie. En 1851-1855, les usines de soude du Ponteau, de Lavéra et de Rassuen adoptent à leur tour le grillage des pyrites importées d’Ardèche, du Gard ou de Toscane. La métallurgie des non-ferreux est aussi représentée par l’industrie du plomb, principal pilier du dynamisme de la métallurgie marseillaise au milieu du XIXe siècle. La branche fonde sa prospérité en attirant vers le port de Marseille les plombs et les galènes argentifères espagnols, italiens, grecs et nord-africains pour en extraire l’argent et livrer du plomb brut en France ou dans l’espace méditerranéen. Le mouvement prend corps à partir de 1847 avec la création de plusieurs usines à Marseille et sur le littoral. La région marseillaise est alors au cœur de l’économie internationale du plomb et plusieurs de ses usines sont insérées dans des réseaux internationaux qui leur permettent de traiter des quantités importantes de matières premières importées. C’est le cas de l’usine de Port-de-Bouc, construite en 1849 à proximité de La Lèque. Détruite en 1854, elle laisse la place à une nouvelle unité de production pour le traitement du plomb, du cuivre et du zinc.