En 1877, une usine pour la fabrication des briquettes de charbon aggloméré est construite à Port-de-Bouc par la Société des charbons agglomérés du Sud-Est, une entreprise contrôlée par un syndicat rassemblant la Compagnie des mines de la Grand’Combe, la Compagnie des minerais de fer magnétiques de Mokta-el-Hadid, la Compagnie houillère de Bessèges, la Société anonyme de charbonnages des Bouches-du-Rhône et l’entreprise Michel, Armand & Cie . Bâtie sur un terre-plein créé de toutes pièces dans la rade de Port-de-Bouc, d’une capacité de production de 300 000 tonnes par an, l’usine est équipée de quais accostables par des navires de gros tonnages et d’engins hydrauliques modernes permettant « d’effectuer les diverses opérations de débarquement et d’arrimage des briquettes dans des conditions économiques qui n’ont certainement jamais été dépassées nulle autre part jusqu’ici » . L’établissement entre en production en 1878 et ferme ses portes en 1896 à la suite de plusieurs problèmes : les malversations répétées d’un de ses agents commerciaux ; des difficultés d’arbitrage entre les intérêts des différentes entreprises en présence, au point d’inciter la Compagnie des mines de la Grand’Combe à quitter l’affaire pour fonder une usine similaire à Port-Saint-Louis-du-Rhône en 1890. Mais surtout, la Société des charbons agglomérés du Sud-Est n’est jamais parvenue à produire des briquettes agglomérées à des prix capables de rivaliser avec ceux de la houille anglaise : « Les causes de l’insuccès de l’usine de Port-de-Bouc se trouvent exclusivement dans l’abaissement du taux du fret de Cardiff à Marseille. En 1877, il n’arrivait à Marseille que 103 000 tonnes de charbons anglais, avec un fret d’environ 17 francs la tonne, alors qu’en 1896 il en est entré 572 847 tonnes au fret moyen d’environ 7,50 francs. On a même vu, en 1894 et 1895, ce fret tomber à 6,25 francs. Dans une période de vingt années, le fret du charbon anglais a donc subi une réduction de près de 10 francs, que ces concessions obtenues du P.L.M. n’ont jamais pu contrebalancer. » En dix-huit ans d’activité la Société des charbons agglomérés du Sud-Est aura finalement livré 350 000 tonnes de briquettes à l’exportation et 800 000 tonnes sur le marché intérieur français, ou comme provision de bord à la navigation. On est bien loin des 5,4 millions de tonnes qui auraient pu être produites si l’usine avait fonctionné au maximum de ses capacités.