Vue générale de l’usine de Croix-Sainte, Ets Verminck (1920)

Usine Verminck de Croix-Sainte

Le déplacement des Établissements Verminck de Marseille - où l’entreprise gérait cinq établissements différents, anciens et enchâssés dans le tissu urbain - vers le chenal de Caronte est assez symbolique du déplacement des activités industrielles vers l’étang-de-Berre. Transformée en société anonyme un an après la mort de son fondateur (1911), l’entreprise est d’abord présidée par Henry Grand-Dufay, puis par l’industriel et armateur Paul Cyprien-Fabre, fils de Cyprien Fabre. Le capital de l’entreprise est porté de 6 à 52 millions de francs courants entre 1912 et 1927 , ce qui permet à Paul Cyprien-Fabre de planifier l’abandon progressif des usines exploitées dans Marseille au profit d’une huilerie/savonnerie moderne capable de rivaliser avec celle des groupes anglo-saxons comme Lever : « Trois solutions se sont présentées : 1°) Ou bien rester dans le statu quo, avec de vieilles usines qui ne pouvaient plus donner un bénéfice industriel normal et dont les seuls profits ne pouvaient dériver que de la spéculation sur les huiles et sur les graines. Cette solution devait être écartée car elle eût tari la vitalité de l’affaire en la livrant à tous les aléas. 2°) Ou bien liquider, ce qui eût été un désastre tant pour les ouvriers que pour la prospérité générale de notre ville. 3°) Ou bien réaliser la conception d’un établissement moderne, dont les bénéfices proviendraient d’une exploitation normale et non de la spéculation. Cette solution était peut-être hardie, mais elle était la seule vraiment féconde » . Concrètement, Paul Cyprien-Fabre engage en 1921 la construction d’une vaste usine bord-à-quai au canal de Caronte. Comprenant une huilerie et une savonnerie équipées d’un appareillage technique moderne – dont le système d’extraction de l’huile par solvant –, le site est desservi « par la navigation maritime, la batellerie fluviale et le chemin de fer ». La délocalisation des structures de production et l’approche industrialiste se traduisent par une gestion sociale beaucoup plus productiviste et paternaliste qu’auparavant : réalisation d’une cité ouvrière de 150 logements à proximité de l’usine de Caronte pour loger une partie des 850 ouvriers ; production continue en trois équipes se relayant toutes les huit heures ; introduction du système Bedaux ; primes d’ancienneté, de production etc.